Ostéopathie et chiropraxie (Panorama des médecines alternatives)

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Ostéopathie et chiropraxie dans le panorama des médecines alternatives

Dès que notre dos se bloque ou devient trop douloureux, nous cherchons de bonnes mains pour soulager ce calvaire : ostéopathe ou chiropraxie ? Tout dépend du thérapeute et de sa formation, par Agnès Dogelet.

Pathologies concernées : troubles musculo-squelettiques, problèmes orl et viscéraux, insomnies, céphalées

Avis d’expert
Dr Jean-Yves Maigne
Rhumatologue et spécialiste des thérapies manuelles

« Consultez votre médecin avant, sauf si la douleur en question a déjà été soignée par ces méthodes. Et attention à la formation de l’ostéopathe ! »

Tous les chiropracteurs ont suivi la même formation alors qu’il existe plusieurs enseignements de I’ostéopathie, dus à son plus vaste champ d’action et à la grande variété des techniques utilisées.
Ainsi il vaut mieux choisir un ostéopathe qui pratique de manière exclusive et pas occasionnelle.

L’ostéopathe ou la chiropraxie sont reconnues en France depuis 2002. Ces deux pratiques manuelles nées à la fin du XIXe siècle s’emploient, après un diagnostic spécifique, à restaurer et à maintenir la mobilité corporelle en remontant à l’origine du mal.

Mais, si un ostéopathe et un chiropracteur considèrent le corps dans sa globalité, et en facilitent les capacités d’autoguérison, ils n’en font pas la même lecture.

Le premier observe la relation entre la « structure » (os, muscles, ligaments, organes et autres éléments qui charpentent I’individu et la « fonction » terme qui désigne I’activité de chacune de ces structures (par exemple les muscles se contractent pour nous permettre de bouger, les viscères facilitent la digestion).

L’ostéopathe traite la « dysfonction » qui survient lorsqu’une ou plusieurs de ces structures ne parviennent plus à remplir leur rôle. II vise à rétablir I’intégrité de ce système somatique dynamique.

Le chiropracteur lui agit sur le dysfonctionnement du squelette et ses conséquences notamment au niveau de la colonne vertébrale et des membres. Il considère la moelle épinière comme « une autoroute de I’information » qui, par le biais des nerfs, dessert les systèmes physiologiques (hormonal, digestif) et mécaniques. Il observe ce qui, au niveau de la colonne vertébrale et du système nerveux, génère un trouble de santé.

Tous deux effectuent des manipulations manœuvres brèves, sèches et uniques sur les articulations avec parfois ce petit  » crack  » bénin qui nous surprend. Et des mobilisations qui sont à l’inverse, lentes, larges et répétées.

Un chiropracteur peut en plus appliquer du chaud, du froid ou des ultrasons sur les zones douloureuses et employer des instruments particuliers pour optimiser ses gestes. En revanche, l’ostéopathe n’est autorisé à effectuer des manipulations cervicales que sur présentation d’un certificat médical, à moins bien sûr qu’il ne soit lui-même médecin ou professionnel de sante habilité à le faire. Même chose pour intervenir sur le crâne, la face et le rachis* d’un nourrisson de moins de 6 mois. Sachez également que les touchers rectaux et vaginaux ainsi que les manipulations gynéco-obstétricales sont interdits, ces traitements étant réservés aux médecins ostéopathes.

Notons que l’Etiopathie, une discipline proche des rebouteux et encore controversée, prend aujourd’hui son envol en revendiquant de pouvoir pratiquer un jour légalement tous les actes qu’elle juge bénéfiques, y compris ceux interdits aux ostéopathes.

Tous les chiros du monde (dont environ 1000 en France) suivent la même formation, à savoir six ans d’études. Concernant les 27 687 ostéopathes français recensés en 2016, les profils sont plus disparates puisque certains sont aussi médecins, kinés, sages-femmes, pédicures, podologues.

La formation n’est uniformisée que depuis 2015.

Aujourd’hui, tous les ostéos doivent avoir suivi cinq ans d’études dans un des trente organismes agréés par les ministères de la Santé, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (avec des équivalences pour les professionnels de santé).

Par ailleurs, « certains ostéopathes font uniquement du bien être, d’autres moins nombreux s’inscrivent comme nous dans un courant rationnel et scientifique travaillant souvent en réseau avec d’autres professionnels » estime Michel SALA, Président de l’AFO – Association Française d’Ostéopathie.

Quoi qu’il en soit, beaucoup de mutuelles remboursent un certain nombre de séances d’ostéopathie qui durent de 30 à 90 minutes. Celles de chiropraxie de 20 à 40 minutes le sont de plus en plus aussi.

Qu’est-ce que ça soigne ?

Le chiropracteur traite surtout les troubles locomoteurs, contractures, douleurs, blocages. On le consulte généralement pour une tendinite, un syndrome du canal carpien ou toute autre affection liée à de mauvaises postures répétées ou aux conséquences du stress. La liste des pathologies ayant fait l’objet de validation scientifique est longue. Le site de l’Association Française de Chiropraxie en dénombre quinze dont les cervicalgies et lombalgies mécaniques, les sciatiques, lumbagos, douleurs du coccyx mais aussi les vertiges et maux de tête. Selon une étude menée en 2013 a l’Hôpital universitaire Balgrist à Zurich et publiée au printemps 2014, 90,5% des patients souffrant d’une hernie discale chronique ou aigue ont senti une diminution de leurs douleurs lombaires et à la jambe et ont amélioré leurs capacités fonctionnelles après trois mois de traitement chiropratique par manipulation vertébrale. Ils étaient encore 88 % après un an. Cette perception n’est pas seulement subjective au vu des résultats, d’une autre recherche menée à l’Université Complutense de Madrid, publiés en avril 2014 immédiatement après une manipulation cervicale et thoracique, le taux de trois marqueurs biochimiques inhibiteurs de la douleur (neurotensine, ocytocine et cortisol) a significativement augmenté. C’est aussi pour des troubles musculo squelettiques que 62 % de Français se rendent chez l’ostéopathe (Etude MOST 2012). Mais a l’instar des chiros qui observent de façon empirique des bénéfices sur des troubles de la respiration, du transit ou du cycle menstruel, l’ostéopathie (cette spécialité) se révèle efficace sur les sinusites, otites, céphalées, insomnies et problèmes viscéraux (notamment le syndrome du côlon irritable, les problèmes de régurgitation).

Ce ne sont pas les préceptes de la médecine qui sont efficaces, ce sont les actes.
La manipulation et la mobilisation sont curatives du moment que l’on est un bon professionnel, chiro ou ostéo» précise Michel SALA.

La plupart prodiguent également des conseils d’exercice et d’hygiène de vie à titre préventif.

Mises en garde

Sur les maladies dégénératives génétiques et infectieuses, ces thérapies manuelles agissent à titre palliatif. Il est essentiel de faire d’abord appel à son médecin traitant en cas de fièvre d’inflammation ou de vomissements.

Les chiropracteurs et ostéopathes ne traitent pas non plus les blessures nécessitant une intervention chirurgicale (fracture par exemple). En revanche, ils vous conseillent parfois d’aller chez un rhumatologue ou un radiologue afin d’effectuer, un bilan biologique, un scanner ou une IRM et ainsi affiner leur diagnostic. Un praticien sérieux vous réoriente vers un spécialiste si le problème n’est pas de son ressort. II peut aussi vous demander un suivi post séance 48 heures après par téléphone ou e-mail. Des courbatures ou coups de fatigue transitoires sont susceptibles d’apparaître.

Quant aux risques d’accidents neurologiques ou d’AVC qui ont été rapportés suite à des manipulations cervicales, ils sont rares. « C’est un acte délicat qui nécessite une solide formation et de l’entraînement mais la statistique est d’un AVC sur 5,8 millions de manipulations chiro. Il risque autant de survenir dans la rue » note Caroline Lambert, vice-présidente de l’Association Française de Chiropraxie.

*Rachis
Le rachis est l’autre nom employé pour désigner la colonne vertébrale qui s’étend de la base du crâne au bassin.

HISTORIA PARIS MATCH HORS SÉRIE
Date : N° 16 / 2017
Page de l’article : p.24-25
Journaliste : Agnès Rogelet